Je mange donc je suis...
En ce moment, je suis plutôt d’humeur à écrire sur du papier. Comme si mes idées descendaient sur ma nuque pour venir glisser le long de mon bras jusque dans la pulpe de mes doigts et s’injectaient dans l’encre de ma plume. Elles pourraient pénétrer les touches de mon clavier mais je les visualise liquides et bouillonnantes.
Tout à l’heure, j’ai noté mes objectifs sur mon bullet journal avec l’espoir de me dégager suffisamment de temps pour pouvoir les accomplir.
J’étais tellement fière en les écrivant. Maintenant, je les regarde… et je sais bien que ce ne sont que des chimères.
Je suis envieuse de Kayakee. Bien sûr, elle a pris le poste que je convoitais mais, c’est autre chose.
Même si j’ai été augmentée et que j’ai maintenant une position importante dans la société, il n’en reste pas moins que ses missions sont bien plus intéressantes que les miennes à mes yeux. Infiniment plus passionnantes et dans la continuité de ce que j’ai étudié. C’est en cela que je suis jalouse.
Parce qu’on me confie des rapports de gestion et de la fiscalité alors que j’ai fait des études littéraires et des études d’arts.
Et, je viens de réaliser que Kayakee sort du lycée.
Comment ont-il pu embaucher quelqu’un sans expérience pour un poste comme celui-ci ?
Cette question continue à me laisser sans voix. Je la tourne et la retourne sans comprendre.
Tout est parfaitement illogique. Mais ce monde a t-il une logique quelque part ?
En ce moment, je ne fais que m’empiffrer, ce qui va à l’encontre de mes objectifs.
C’est bon et douloureux à la fois. Un moment d’égarement savoureux qui me rend malade 10 minutes plus tard.
Je sabote moi-même mes efforts. Pour rien. Comme si j’avais envie de me faire du mal.
Je déteste ce côté sombre lié à la nourriture. Je lis justement un livre sur l’alimentation de consolation.
Mais, le fait est là. Le changement qu’on m’avait promis et qu’on m’a salement retiré m’a beaucoup affectée.
Je n''arrive pas à m’en relever. J’ai vraiment l’impression d’avoir été prise pour une idiote de première.
Pour mon propre bien, il va pourtant falloir que je me sorte tout ça de la tête et que je fournisse des efforts.
C’est pas possible de se laisser aller à ce point. Je ne vis plus depuis des mois !! !