From now on

Harlequin

Je reprends lundi. Comme pas mal de monde.
Pas totalement normalement, ce qui me convient pour le moment.
Une reprise en douceur.

Toute la semaine, j’ai bossé sur mon projet avec difficulté. En secret.
Je regorge d’idées mais elles sont compliquées à mettre en oeuvre avec discrétion.
J’avais aucune envie que Josh me juge dessus.
D’ailleurs, il n’a pas tardé à comprendre que je mijotais quelque chose. Je m’isole dans la chambre pour travailler au calme.
Il n’a pas pu s’empêcher, à chaque fois, de venir, de prétexter me faire un bisou tout en jetant un œil sur mon écran.
Il a pris un peu la mouche quand je lui ai dit que je travaillais sur quelque chose et qu’il ne le verrait que quand j’aurais terminé.

"On est un couple, tu devrais me le dire !"

Il a pas totalement tort. Je devrais pouvoir lui faire confiance, me confier à lui sur ce sujet.
Je lui ai montré un morceau un peu fun mais pas le reste.
Je ressens de la honte à faire ce projet. C’est une démarche très personnelle et un exercice pénible de voir à quel point je me déteste physiquement. Bien plus encore maintenant que j’ai ces énormes cicatrices sur le visage.

J’ai même créé un compte Instagram alternatif et bloqué l’intégralité de mes contacts, c’est dire !

Ces derniers temps à la maison, je me suis beaucoup laissée aller à la rêverie.

Dans mes mièvreries, on trouverait notre maison d’ici la fin de l’année, on ferait un beau voyage l’année suivante, je tomberais enceinte, après, j’aurais une demande en mariage romantique...
Il me fallait bien m’accrocher à une historie de roman Harlequin alors que la période était anxiogène et chaotique pour beaucoup.
Je crois que c’est ma façon à moi d’échapper à la réalité.

Il nous manque encore plusieurs dizaines de k€ pour acheter une maison potable ici. À moins que l’immobilier ne s’effondre.
Ça me rend folle de savoir qu’ailleurs on pourrait acheter une maison cash.
Je regarde les annonces tous les jours...et RIEN dans notre budget.
Ce qui m’agace, c’est que je suis la seule à me démener pour trouver quelque chose. À chaque fois, je dis que j’arrête parce que c’est démoralisant d’être bredouille chaque jour. Et au final, je ne peux pas m’empêcher de jeter un oeil, au cas où, ce serait mon jour de chance aujourd’hui. Mais bon, ça a toujours été moi le moteur de notre couple.
Josh a toujours besoin qu’on le pousse. Il a même besoin de quelqu’un qui le réveille le matin.