From now on

Etre perfectionniste et exigeant, c'est chiant.

Ces vacances loin du quotidien ont été un vrai bonheur.

J’avais mis les points sur les i dès notre départ.
Pourtant, malgré cette mise au point, il m’a fait pleurer un soir.

Je nous avais préparé une liste de choses à faire, les trajets de bus idéaux pour aller voir les sites d’intérêt, ce genre de trucs. Me voyant tout noter, Josh m’avait alors dit qu’il ne voulait pas partir en vacances pour courir à droite et à gauche. Nous partions pour nous reposer. Inutile de me fatiguer avec ce programme de visites (qui n’en était pas vraiment un, par ailleurs). Il a brièvement mentionné la piscine et son problème de peau avec l’eau salée et le soleil.

Je lui avais rétorqué assez sèchement que si c’était pour dormir jusqu’à midi avant d’aller flâner au bord de la piscine, je n’avais pas besoin d’aller sur une île paradisiaque. Il me suffisait de faire 15 minutes à pieds pour aller à la piscine municipale de notre ville. Ça ne servait à rien de parcourir tant de kilomètres pour rester enfermés dans un hôtel. J’avais bien l’intention de profiter du dépaysement et de me baigner dans la mer, libre à lui de me suivre.

C’est ce qui a précipité notre dispute j’imagine.

C’était notre troisième ou quatrième jour sur l’île, je crois.
Il tenait absolument à ce que nous sortions dans le quartier animé.
Nous avons bu un cocktail au bord de la mer puis des shooters avant de nous diriger vers des rues plus festives. Je me sentais déjà euphorique, prête à rire de n’importe quoi.

Josh avait eu le droit à des histoires qui, j’imagine, l’avait fait rêver lorsqu’il était étudiant et que ses camarades de classe étaient tous partis là-bas ensemble sans lui. Il m’en avait rabattu les oreilles à plusieurs reprises. Aussi, lorsqu’il a insisté pour y aller, je l’ai suivi sans discuter.

Sauf que, lorsque nous sommes arrivés, pour je ne sais quelle raison, il s’est mis à me demander ce que je voulais faire. Je n’arrêtais pas de lui dire qu’on ferait ce qui lui plairait. C’était son envie, à lui, pas la mienne. Je lui répétais que je le suivrais sur ce coup-là et il ne cessait de me questionner pour savoir où aller et quoi faire et je n’en avais aucune idée !

Puis, d’un coup, après que j’ai eu commandé des frites pour me remplir l’estomac, histoire de préparer la soirée qui s’annonçait, il m’a lancé un méchant "allez c’est bon, on rentre."
Il n’arrêtait pas de dire que j’étais coincée, qu’il fallait faire ça avec des potes et que c’était nul avec moi, qu’après on ferait pas ce que j’avais prévu le lendemain, qu’il se pliait toujours aux quatre volontés de tout le monde mais qu’on faisait jamais ce que lui voulait, qu’après je lui ferais payer en boudant toute la journée, que je dirais qu’on avait "gâché une journée" à traîner.

Quelque part, il avait entièrement raison. Je ne lui aurais pas reproché mais, si le lendemain nous étions restés dans la chambre d’hôtel en mode zombie à ne rien faire, ça m’aurait rendu folle !

Je déteste les lendemains de soirée arrosée rien que pour ça.
Tout le monde semble tourner au ralenti sauf moi.
Chaque minute doit être exploitée dans mon quotidien. Je réalise en l’écrivant que c’est presque effrayant…

Je me souviens encore que, dans une vie qui me semble désormais tellement lointaine, je voulais abolir le dimanche. C’est une journée que je trouvais sans intérêt. Les boutiques fermées, on pensait déjà au lundi.
Les dimanches me paraissaient interminable d’ennui. Maintenant que je suis dans la vie active, une semaine sans dimanche me semblerait particulièrement déprimante.

Il a du dire d’autres choses blessantes dont je ne me souviens plus précisément. Seulement qu’à un moment, sur le chemin du retour, il m’a donné la carte de la chambre pour rentrer, sans lui, et que je suis arrivée dans l’ascenseur des larmes plein les joues.

Le lendemain, j’ai agi comme si rien de tout cela ne s’était produit. Envolé en un battement de cils.
Nous aurions pu rentrer dans n’importe quel club et danser (même si la musique techno n’est pas vraiment ce dont nous avons l’habitude). Au lieu de quoi, il a préféré ruiner la nuit avec des remarques acerbes. Inutile de revenir sur ce moment. Je sais qu’il n’a pas la même sensibilité à l’alcool que moi. Il a tendance à avoir l’alcool triste.

Le reste du séjour a été rafraîchissant de petits moments à deux exquis et de bonheurs partagés.

Sur le bateau à pleine vitesse, sur les terrasses de restaurants ou avec une bouteille de rosé au bord de la mer, dans l’exploration des fonds marins avec nos masques, à suer à grosses gouttes en parcourant un paysage désertique, à chercher de l’eau dans un village fantôme, rire bêtement dans le bus, admirer l’eau turquoise, se tartiner de crème solaire, étudier ingénieusement le sens du vent pour faire sécher nos maillots de bain humides dans la seule chambre sans balcon de l’hôtel, ou encore comparer nos traces de sandales en riant.

Nous sommes rentrés il y a 4 jours déjà. La chaleur ici m’assomme et, si j’ai été extrêmement active durant deux jours à m’affairer à laver, ranger, trier et faire toutes ces petites choses que je n’ai pas le temps de faire quand je travaille, je n’ai strictement rien foutu hier et aujourd’hui.

Enfin si, j’ai passé un temps considérable à essayer de monter une vidéo potable de nos vacances sans parvenir à obtenir un résultat satisfaisant. Etre perfectionniste et exigeant, c’est chiant.