From now on

Vers un nouvel échec

J’ai plein de choses en tête alors je vais balancer ça là, comme ça, sans fil conducteur.

La première, c’est que j’ai reçu un message vocal pour un entretien d’embauche par téléphone et que je n’arrive pas à les joindre depuis lundi pour m’entretenir avec eux. Je tombe constamment sur le répondeur et quand c’est eux qui m’appellent, je suis au bureau et ne peux pas répondre.
Encore une offre qui va me passer sous le nez, je le sens. Et puis, j’ai reçu deux refus de candidatures à la suite… ça fait mal.
Je me dis que je vais prendre mon mal en patience. Faire abstraction de mon travail. Vivre pour autre chose.
C’est juste qu’avec toutes les grèves en ce moment, je n’en peux plus, je suis à bout de nerf et stressée en permanence.
J’ai l’impression de pas pouvoir me concentrer.

Quoi qu’il en soit, je me dis toujours que je vais me donner à fond pour autre chose et je lâche l’affaire à la moindre difficulté.
Dès que je me sens débordée et fatiguée, je baisse les bras.J’aimerais avoir plus de volonté ou de courage. Je me sens tellement bête de ne pas réussir à tenir les engagements que je prends avec moi-même.
Maintenant que nous avons changé d’heure, il fait nuit bien moins tôt, je devrais en profiter.
Mais j’y arrive pas. J’y arrive tout simplement pas. Je voudrais me coucher à 20h pour fuir ma vie.

D’ailleurs, je veux tellement la fuir que je suis retombée dans mes fantaisies.
J’écris beaucoup, surtout dans les transports (qui deviennent vite interminables avec les grèves).
Quand je rentre, j’ai envie de fermer de les yeux pour visualiser mes écrits.

Hier soir, je suis donc allée me coucher tôt (mais bien moins que d’habitude). Vers 22h.
Après avoir regardé mon téléphone pour alimenter mes nouvelles fantaisies, j’ai entendu l’Amoureux passer de l’ordinateur (pour lequel il n’avait pas passer la soirée avec moi) à la console.

Et j’ai compris, très rapidement, qu’il jouait en ligne avec cette nana. Encore.

En réalité, ce n’était pas la première fois que je l’entendais dire son prénom mais comme j''étais, en général, à moitié endormie, je doutais de ce que j’avais pu entendre.
Je me suis levée pour en avoir le cœur net, prétextant avoir soif. Je voulais voir le pseudo utilisé. Je n’ai pu en voir qu’un seul mais cela a suffit pour qu’il arrête d’utiliser son prénom, que je connais, pour communiquer avec elle et utilise son pseudo en lieu et place. Que je connais aussi désormais...
C’est incroyable comme je peux être plus rusée que mon adversaire pour des opérations de ce genre. Je me surprends toujours...
Finalement, j’ai cru comprendre qu’il y avait un souci et il est parti se coucher.
J’ai fait semblant de dormir. Je savais qu’il lui enverrait un message, ce qu’il a fait. Malheureusement, comme j’étais dans le noir depuis un moment, la lumière bleue de l’écran m’éblouissait et je n’ai rien pu lire. J’ai réfléchi à l’éventualité d’attendre qu’il s’endorme pour espionner son téléphone et j’ai abandonné.
Toutefois, cela m’a tenu éveillé un moment et ce matin, j’étais debout très tôt avec cette même pensée.
Je n’ai eu que brièvement le temps de confirmer ce que je savais déjà en regardant les derniers destinataires des messages envoyés. ELLE, naturellement.

Je l’ai à peine vu ce matin. Je suis partie tôt au bureau.
Je voulais pas rester à la maison. Le voir se poser devant son ordi ou sa console.
J’avais les yeux ouverts à 5:30. Je me disais que si demain je tombais du balcon, tout serait fini.
La tristesse, ce job nul qui mène à rien, cette vie sans objectif, ses journées vides de sens qui défilent.
Plus de souffrance inutile.

J’ai compris à ce moment là que ce que je pense être une passade est en réalité bien plus profond.
La dépression.

En sort-on jamais vraiment ?

Je joue tellement bien la comédie. Personne ne se douterait de rien. Un accident et fini.
C’est tellement facile.
Plus j’y pense et plus la solution me semble alléchante.

Mais quelque part, au fond de moi, j’ai encore l’espoir de pouvoir changer quelque chose. N’importe quoi.

Dans le métro, ce matin, je me suis dis, pour la énième fois, que j’allais me donner les moyens de tout changer.
Vais-je encore vers un nouvel échec ?